La Maurienne est une longue vallée qui recèle de trésors plutôt méconnus à voir sans tarder. Souvent décriée, du fait de son riche passé industriel, cette longue vallée de Savoie est très contrastée. Contraste entre des fonds de vallée parfois gris et des stations d’altitude (trop) tournées vers le ski. Contrastes dans le relief entre les pics de Belledonne et de la Lauzière et les hauts sommets coiffés de glaciers de la Haute-Maurienne. Contrastes entre le climat plutôt humide de la basse Maurienne et l’ambiance sèche et ensoleillée qu’on retrouve aux abords de Modane. Partez avec nous à la découverte de 15 lieux et activités incontournables de Maurienne.
1/Visiter les forts de l’Esseillon

Leurs constructions datent de 1834, mais ce n’est qu’en 1983 qu’ils ont été classés à l’inventaire du patrimoine historique. Cette barrière impressionnante barre littéralement la vallée de la Maurienne en amont de Modane, protégeant ainsi le territoire contre les invasions… françaises ! Jusqu’en 1860, la Savoie était en effet indépendante, rattachée au royaume de Piemont Sardaigne. L’enjeu était donc de se protéger contre les velléités de Napoléon. Composée de 5 forts massifs, de types Montalembert, cette fortification est aujourd’hui un site unique dans les Alpes françaises. Tout au nord, le fort Marie-Christine abrite aujourd’hui un restaurant, un gîte d’étape et un salon de thé. Le fort Victor-Emmanuel peut se visiter librement. Superbes émotions et belles vues en perspective. Tout au sud, la Redoute Marie-Thérèse est devenue en 2007 un centre d’interprétation du patrimoine fortifié.
Autour des forts de l’Esseillon, une des plus grandes vias ferratas de France et une tyrolienne qui enjambe les gorges de l’Arc permettent aux sportifs, comme aux amateurs de sensations de profiter du site sans ouvrir un livre d’histoire.
2/ Relier Bonneval sur Arc à l’Écot

En toute saison, Bonneval-sur-Arc est extraordinaire : ce village, membre des plus beaux villages de France, est plein de charme. L’authenticité de Bonneval rappelle quelque chose d’immuable, bien loin des stations de ski. Un petit coin de Corse, au cœur des Alpes à la frontière entre la France et l’Italie. Et pourtant, à 1 800 mètres d’altitude, dans le parc de la Vanoise, Bonneval est également une station de ski. Avec ses 25 km de pistes d’alpin et ses pistes de ski de fond reliées à Bessans, son développement immobilier s’est toujours fait avec un fort attachement à l’architecture locale. Ici, au-dessus de la limite altitudinale de la forêt, les chalets sont faits de pierres et les toits en Lauze, portés par de solides charpentes de mélèzes. Sa station, Tralenta, semble avoir toujours été là. Son architecture témoigne de l’attachement des gens du pays à leur identité.
Un peu plus haut, à seulement 4 km d’altitude, l’Écot est le dernier hameau de la vallée, avant les hauts cols situés à la frontière avec l’Italie. Plein de charme, il y règne une ambiance de bout du monde, avec sa chapelle et ses maisons aux balcons tournés vers le soleil. Vous pouvez rejoindre l’Écot en voiture, mais, en hiver comme en été, c’est à pied que l’approche permet le mieux de profiter des lieux et de leur calme apaisant. Aux alentours, vous pouvez également partir en randonnée à la découverte des glaciers, notamment des Evettes ou des sources de l’Arc.
3/ Pique-niquer à la Cascade Saint-Benoît

À deux pas des forts de l’Esseillon, c’est la plus belle cascade de Maurienne. La visite de l’un implique la visite de l’autre ! Cette belle chute d’eau de 80 mètres de haut s’écoule dans un écrin naturel très accessible et apprécié des familles. Avec le vent de vallée, très présent en Maurienne (un vent thermique qui descend la vallée), la cascade se transforme souvent en un brumisateur géant dont le panache se repend vers la gauche. Si les eaux sont trop froides pour pouvoir s’y baigner, le lieu est idéal pour pique-niquer à l’ombre, après avoir visité Aussois ou les Forts de l’Esseillon.
4/ Découvrir l’histoire de l’Opinel

Saviez-vous que ce petit couteau de bois à la virole emblématique était né en Maurienne ? Plus exactement, c’est en 1890 que Joseph Opinel invente le couteau de poche entre Albiez-le-Jeune et Saint-Jean-de-Maurienne. Si en 1915, la production a déménagé à Chambéry, la Maurienne a conservé son emblème sur la lame des couteaux savoyards : la main couronnée de Saint-Jean-Baptiste figurant sur les armoiries de Saint-Jean-de-Maurienne. L’entreprise familiale exploite toujours la marque. Et c’est sans doute par un M. Opinel que vous serez reçu au musée (gratuit) qui retrace la folle épopée de la coutellerie, situé en plein centre de Saint-Jean-de-Maurienne. 700 m² d’exposition et de boutiques feront de vous un expert de ce petit couteau bien plus attachant qu’un couteau suisse !
5/ Tutoyer les glaciers à l’Étendard et en Haute-Maurienne

Il est des neiges éternelles qui paraissent éphémères. Dotée de nombreux glaciers, la Maurienne permet encore des marches d’approche plutôt faciles. Profitons-en, car si à terme, en 2050, nombreux de ces colosses aux pieds d’argile semblent menacés par le réchauffement global (les températures moyennes se seraient déjà élevées de 2° dans les Alpes), ils restent encore accessibles aujourd’hui et ont (presque) fière allure en début d’été ! Pour atteindre les plus proches, direction Bessans (et la vallée d’Avérole), Bonneval-sur-Arc (et le Cirque des Evette) ou le col de la Croix de Fer. Depuis ce dernier, on atteint le front du glacier de l’Étendard en à peu près 2 bonnes heures d’une marche sans trop de difficultés. Le trajet, ponctué de lacs, en fait une randonnée familiale.
6/ Monter les lacets de Montvernier en vélo

Cette petite route en lacets très resserrés relie Pontamafrey à Montvernier, petit village perché sur un plateau intermédiaire de la vallée. Les coureurs du Tour de France l’ont découverte récemment. Construite dans les années 30, elle enchaîne 18 virages sur 250 mètres de dénivelé. À vélo, avec ou sans assistance, c’est un défi accessible à tous. Vous pourrez ensuite continuer la boucle pour descendre par Le Chatel si vous souhaitez faire un petit tour ou monter au col du Chaussy à 1 530 mètres d’altitude par une belle route en versant sud, si vous collectionnez les montées en vélo.
7/ Découvrir l’épopée de l’Aluminium

La Maurienne, comme beaucoup de vallées de montagne, a une forte histoire industrielle. Bénéficiant des capacités de production d’électricité offertes par l’eau des torrents (la houille blanche), de nombreuses industries s’y sont installées dès la fin du XIXe siècle. Face à la déprise agricole, l’industrialisation permit aux habitants de se maintenir en vallée, tout en modifiant fondamentalement les modes de vie. Entre 1892 à 1907, 6 usines de fabrication d’aluminium ont été créées entre Saint-Jean-de-Maurienne et la Praz : Calypso, La Praz, Saint-Félix, La Saussaz, Prémont et Saint-Jean-de-Maurienne. Seul l’impressionnant site industriel de l’usine Trimet de Saint-Jean-de-Maurienne continue de pratiquer aujourd’hui la transformation de la bauxite par électrolyse. C’est cette histoire et cet héritage que raconte l’Espace Alu, musée de l’épopée de l’aluminium dans les Alpes, situé à Saint-Michel de Maurienne.
8/ Comprendre la rudesse de la vie d’antan à l’Arche d’Oé

Si les vieux villages de Maurienne (Aussois, Bonneval-sur-Arc, Montgellafrey ou Montaimont par exemple) vous laissent dans une forme de nostalgie d’un « c’était mieux avant », une visite à l’Arche d’Oé vous fera sans doute comprendre qu’il n’en est rien ! Ce musée d’Aussois, créé il y a une dizaine d’années, permet d’appréhender rapidement le mode de vie qu’avaient les familles paysannes de la vallée avant l’arrivée des temps modernes. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la vie en montagne n’avait rien de tendre, bien loin de la réalité d’aujourd’hui liée au tourisme du ski. Une visite instructive, ludique et didactique à faire, même s’il ne pleut pas !
9/ Admirer les aiguilles d’Arves depuis le col de la Croix de Fer

C’est le sommet emblématique de la Maurienne. Ces trois petites montagnes sont visibles de loin ! Le point de vue le plus caractéristique est celui qu’on admire depuis la vallée de l’Arvan. La Toussuire, Albiez, Saint-Jean et Saint-Sorlin d’Arves sont les meilleurs endroits pour admirer ces sommets. Ces trois rochers massifs culminent à plus de 3 500 mètres. Il n’est pas rare de les voir blanchis par la neige, même en été. L’aiguille Septentrionale a une tête de chat très caractéristique. Un des plus beaux panoramas sur les aiguilles d’Arves se situe au Col de la Croix de Fer. Là, quelques lacs créent un paysage extraordinaire et permettent de réaliser de très belles photos.
10/ S’échapper le temps d’une journée à Suse en Italie

La Haute-Maurienne est frontalière avec l’Italie. Vous entendrez parfois des ciao ou des buongiorno italiens lors de vos arrivées au sommet des montagnes. Il y a deux points de passage routiers vers l’Italie en Maurienne : le tunnel du Fréjus, rapide, mais cher et sans charme, et le magnifique col du Mont-Cenis. Si vous logez en Haute-Maurienne, une excursion à Suse par ce col semble indispensable ! La ville n’est pas très touristique, mais elle est magnifique. Si proche de la France, elle est pourtant 100% italienne. Vous pourrez admirer les ruines romaines préservées, manger des focaccia et pizza et faire le plein de panettones et de limoncello.
11/ S’échapper le temps d’une journée à Briançon

Valloire est reliée au Briançonnais par le col du Galibier. Classée au patrimoine mondial par l’UNESCO, la ville fortifiée par Vauban mérite le détour. Le passage au Galibier permettra d’admirer les glaciers des Écrins. En descendant, le jardin du Lautaret est une halte intéressante pour admirer la flore alpine. Briançon est une ville colorée, prémisse de l’influence méditerranéenne et des Alpes du Sud. On aime particulièrement déambuler dans les « gargouilles », ces deux rues pentues au milieu desquelles coule une rigole d’eau destinée auparavant à lutter contre les incendies.
12/ Contempler les eaux turquoise du lac du Mont-Cenis

Si les Alpes possèdent de grands lacs naturels d’origine glaciaire, ceux issus de l’hydroélectricité ont également créé des paysages grandioses. Entre France et Italie (ici les eaux coulent déjà vers les plaines du Pô et Venise), le Lac du mont Cenis est un écrin turquoise au cœur d’un cadre de haute montagne. La route du col du Mont-Cenis a été tracée sous Napoléon au 19e siècle. Le barrage du Mont-Cenis date lui des années 60. C’est un barrage-poids, tout en terre, réalisé après du barrage de Serre-Ponçon, avec sensiblement la même quantité de terre. Nombreuses balades à proximité.
13/ Marcher au milieu des bouquetins au Grand Perron des Encombres

Le bouquetin est un animal emblématique des Alpes. Ce proche cousin des chèvres porte fièrement sur la tête de grandes cornes impressionnantes. Réintroduit en Vanoise et dans les Cerces dès les années 60, il est maintenant largement présent en Maurienne. Il n’est pas rare de le voir en hiver lécher le sel des bords des routes en fond de vallée. C’est d’ailleurs ce caractère peu craintif qui causa sa quasi-disparition au début du siècle dernier. Vous pourrez en voir toute l’année sur le Pas du Roc, ce verrou rocheux qui sépare Saint-Michel de Maurienne de Saint-Martin-la-Porte. Mais on préférera sans doute la vue des sommets. Au Grand Perron des Encombres, entre Maurienne et Tarentaise, la vue est grandiose, du Mont-Blanc aux Écrins. Plusieurs troupeaux de bouquetins y passent l’été paisiblement. C’est une très belle randonnée depuis les hauteurs de Saint-Michel de Maurienne avec un peu moins de 1 000 mètres de montée.
14/ Gravir le mont Thabor et y croiser des Italiens

À près de 3 200 mètres, le mont Thabor est un haut sommet de Maurienne, accessible sans marche glaciaire. À l’intersection entre la Maurienne, l’Italie et les Hautes-Alpes, c’est un sommet « cosmopolite » qui offre une très belle vue sur les Alpes. La montée est possible par Valmeinier et Valfréjus, mais c’est cette dernière montée que nous vous conseillons. Diversifiée avec des lacs et des cols, la montée par le lavoir est une des plus belles randonnées de Maurienne.
15/ Dormir en refuge ♥

Une nuit en refuge reste un moment mémorable. Il n’est pas certain que vous y dormiez bien, mais il est certain que vous y passerez un bon moment ! Les belles lumières du matin, l’éveil de la nature, la fraîcheur de l’air d’une pureté exceptionnelle et la promesse d’une belle randonnée en altitude… les refuges sont des îles au cœur des montagnes, portes d’accès à un autre univers, mais aussi confort indispensable au cœur d’une nature parfois hostile à l’homme. En Maurienne, on vous conseille le refuge de la Leisse, celui de Plan du Lac, celui d’Avérole, celui de l’Étendard ou celui du lac de la Grande Léchère. Chacun a sa particularité, mais tous sont accessibles aux familles.
Où loger en Maurienne ?
La Maurienne est une longue vallée séparée entre un fond de vallée habité et des stations de ski en altitude. Si vous souhaitez loger en station, préférez Saint-Sorlin d’Arves, Valloire, Aussois, Bessans ou Bonneval-sur-Arc. Ce sont de beaux villages de montagne assez dynamiques avec beaucoup de randonnées à proximité. En vallée, quelques beaux hébergements valent le coup : côté chambre d’hôtes, direction les chemins de Traversaz, sur le versant ensoleillé au-dessus de Saint-Michel de Maurienne (voir et réserver sur Booking.com). Côté location, on aime beaucoup les mazots du Relais du Lac Noir. Ces chalets isolés en pleine montagne sont situés au pied du Grand Arc, à l’entrée de la Maurienne. En Haute-Maurienne, le camping du Chenantier propose de louer d’authentiques fustes de bois dans le très beau cadre de la Vanoise (voir et réserver sur Booking.com).