Dans les Alpes, la tendance est aux ascenseurs valléens : des remontées mécaniques reliant la vallée aux stations d’altitude. Mais si, depuis 20 ans, on en parle beaucoup, on en construit peu, ou pas du tout. Cette réalité semble toutefois se débloquer ces dernières années. En Haute-Savoie, la consultation pour la construction du FuniFlaine est en cours. L’appareil devrait relier la vallée de l’Arve à Flaine dès 2023. Et si les coûts semblent astronomiques, les enjeux le sont aussi : délester les routes, réduire la pollution atmosphérique et développer l’attractivité estivale. À Chamrousse, La Plagne, Bozel et La Rosière, d’autres projets sont également dans les cartons.
Un projet (presque) sur les rails à Flaine
Écologique, plus rapide, facilitant le ski journée, les ascenseurs valléens ont toutes les qualités. À Flaine, dès fin 2023, le temps de trajet depuis la vallée passera ainsi de 45 minutes à 19 minutes. En outre, le FuniFlaine est un mode déplacement doux nécessaire dans une vallée où la lutte contre la pollution est portée au plus haut de l’État. La vallée connaît depuis de nombreuses années des pics de pollutions hivernaux en situation anticyclonique bien au-dessus des seuils d’acceptabilité.
En pleine saison, il passe plus de 10 000 véhicules le week-end sur la route du col de Pierre Carrée, pour accéder à la station de Flaine. L’enjeu serait de reporter une partie des déplacements, notamment ceux des saisonniers, vers le câble. Selon une association d’élus de stations, les déplacements domicile/vacances pèseraient pour 57% du bilan carbone d’un séjour aux sports d’hiver.
D’un coût prévisionnel de 75 millions d’euros, FuniFlaine sera financé par les collectivités support, le département, la région, l’État et l’exploitant. 79% de l’investissement seraient donc issu des fonds publics, 21% seraient financés par le futur exploitant qui en assurera la gestion en délégation de service public.
Toutefois, si la remontée mécanique rend possible un report modal, pour le moment, aucune interdiction d’accès en voiture n’est envisagée dans le projet, même en saison touristique. La fermeture de la route en hiver ou l’instauration d’un péage urbain permettrait une meilleure viabilité économique à long terme. Une association de Flaine milite également pour l’intégration d’une gare intermédiaire aux Carroz d’Araches, où logeraient près de 600 salariés de Flaine en saison d’hiver. Cette option est pour le moment exclue par le Syndicat Mixte porteur du projet.
On trouve en Suisse et en Italie des stations et villages d’altitude dont l’accès n’est possible qu’en remontées mécaniques. C’est le cas de Chamois, dans le Val d’Aoste et de Bettmeralp dans le Valais Suisse. Ces deux villages de montagne ne sont accessibles, en été comme en hiver, qu’en téléphérique, ou par un simple chemin.
3 projets d’ascenseurs planifiés en Tarentaise
Un projet de liaison entre la gare d’Aime et Aime 2 000 à La Plagne est également lancé. Une étude économique est en cours et devrait rendre ses résultats au printemps. Inscrite dans le SCOT de Tarentaise (un document de planification urbanistique), la liaison Aime > La Plagne figure aux côtés d’autres projets : Bozel > Courchevel et Bourg-Saint-Maurice > La Rosière. Le document de programmation urbanistique de Tarentaise prévoit notamment la création de lits ouverts à l’année aux pieds de ces nouveaux transports en commun.
Deux villes de Tarentaise possèdent déjà leurs liaisons d’altitude. Bourg-Saint-Maurice est reliée à Arc 1 600 depuis 30 ans par un funiculaire. Cet été, les rames vont être remplacées par de nouvelles rames ultramodernes propulsées 100% à l’électrique. Pourvues d’un large vitrage panoramique, les nouvelles rames sont conçues pour admirer la vue sur le paysage.

Un peu plus bas en Tarentaise, la télécabine de l’Opympe relie depuis 1991 Brides-les-Bains à Méribel. Elle assure le transport de près de 90 000 passagers chaque hiver et permet le ski depuis Brides-les-Bains. La complémentarité entre la saison thermale et la saison du ski en fait désormais une destination 4 saisons. La télécabine et la gare de départ seront également entièrement rénovées d’ici à 2013.
Ailleurs dans les Alpes, d’autres projets germent, comme les liaisons Uriage > Chamrousse, Allevard > Le Collet, Thones > La Clusaz ou encore Saint-Jean-de-Maurienne > La Toussuire. Côté Chambéry et Aix-les-Bains, l’idée d’une liaison avec Savoie Grand Revard est souvent ressortie des placards. À Grenoble, une liaison avec le Vercors a également été longtemps évoquée, compte tenu du caractère presque périurbain du plateau. Souvent, c’est le manque d’équilibre à l’exploitation qui éloigne progressivement ces projets de leur réalisation.
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