En 2050, malgré une augmentation des hivers faiblement neigeux, on skiera aussi bien qu’aujourd’hui dans les Alpes. C’est en tout cas ce qui ressort d’une étude indépendante menée par METEO FRANCE, l’IRSTEA et KPMG pour le compte du département de l’Isère. Cette étude s’est intéressée aux 23 stations de l’Isère avec un modèle météo intégrant les conditions de chaque site ainsi que la faculté de conserver la neige par le damage et de produire de la neige en 2025.
En 2050, un hiver sur trois sera critique
Selon les scénarios du GIEC, la température de la planète se sera élevée de 1° celcius d’ici à 2050. Cette élévation correspondrait à une élévation de l’isotherme 0° de 150 m. La limite pluie-neige moyenne sera donc plus élevée. Cette élévation moyenne ne tient néanmoins pas compte du côté aléatoire de la météo. D’ici à 2050, nous aurons donc toujours de la neige en plaine parfois. Il y aura toujours des hivers très enneigés et des hivers peu enneigés. Toutefois, selon Météo France, ces hivers peu enneigés seront plus fréquents. Ainsi, si on les rencontre un hiver sur 5 aujourd’hui, ce sera un hiver sur 3 en 2050. Côté précipitations, elles devraient rester équivalentes.

Cette étude s’est intéressée à la capacité d’ouverture d’un domaine skiable pendant les vacances de Noël et de février, périodes cruciales pour les stations. Il en ressort qu’en 2050, seuls 25% des pistes pourraient être ouvertes les mauvaises années sans neige de culture. Avec neige de culture, c’est 58% des pistes qui pourront être ouvertes les mauvaises années, un chiffre comparable à celui de ces 15 dernières années. Pour les bonnes et très bonnes années, la neige de culture a un léger impact sur la capacité à ouvrir des pistes sur des secteurs stratégiques.

Ces résultats, encourageants pour les stations de ski, prennent en compte les prévisions d’investissements de ces dernières jusqu’en 2025. Ces investissements amèneraient les stations iséroises à un taux de couverture des pistes de 42% en neige de culture contre 27% actuellement.
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Un impact modéré sur la ressource en eau
L’étude commanditée par Isère Tourisme avait également pour but d’évaluer l’impact de la production de neige sur la ressource en eau. Malgré une forte augmentation du besoin en eau, il en ressort qu’il n’y a pas de conflits d’usages en vue, la majorité de la production de neige se faisant par retenue collinaire ou prélèvements dans les ressources existantes (barrages hydroélectriques dans l’Oisans notamment).
Vers une adaptation du modèle économique ?
Globalisant à l’échelle de l’Isère, les chercheurs n’ont pas souhaité pointer du doigt les petites stations et dire que dans tel site, le ski est condamné. Pourtant, nous notons qu’en 2050, 18 stations seront équipées en neige de culture. Pour les autres, le seul modèle viable sera un modèle qui intégrera le risque de très mauvaise saison un an sur trois.
Cette étude permet également au département de l’Isère de conforter et d’orienter sa politique de subventions aux communes en réseau de neige de culture et retenues collinaires. Il ressort ainsi que les très grandes stations (Les 2 Alpes et l’Alpe d’Huez) pourront absorber le coût d’investissement des installations. Sans aides publiques, ces aménagements seront moins facilement absorbables pour les autres stations, qui devront selon KPMG prioriser leurs investissements. Présentée à la presse dans une version globalisée, l’étude a été fournie aux 23 stations de l’Isère pour leur permettre d’orienter leurs choix d’avenir.
Notons que si les stations peuvent techniquement proposer un niveau de ski constant jusqu’en 2050, cette étude ne présage en rien du fait que la clientèle voudra encore faire du ski à cette échéance. Par ailleurs, il est à noter que la neige de culture permet d’amoindrir les effets d’une mauvaise saison, elle est sans effet sur les bonnes saisons. On peut donc en déduire que c’est un investissement qui ne permet pas de développer le chiffre d’affaires, mais simplement d’en amoindrir la baisse en cas de manque de neige. D’ici 2050, ce sont 47,7 millions d’euros qui seront investis en Isère pour développer le réseau de neige et la captation de la ressource en eau. La production de neige fait donc porter un coût supplémentaire sur le principal problème du ski : son prix excessif pour les clients.