Pour les uns, ils permettent d’amoindrir l’aléa météo, « en exploitant au mieux les poches de froid ». Pour les autres, ils symbolisent la « fuite en avant » de tout un secteur de l’économie de la montagne, qui irait « droit dans le mur ». Les investissements dans la neige artificielle semblent matérialiser ainsi parfaitement l’aveuglement des domaines skiables face aux enjeux et à l’ampleur du réchauffement climatique. De ce fait, ils cristallisent ces dernières années les débats au sujet des stations de ski. Si la neige artificielle ne pollue pas le milieu naturel (puisqu’aucun produit chimique n’y est utilisé), elle est fortement consommatrice d’eau, souvent potable, et d’énergie. Surtout, la captation de l’eau, puis son acheminement vers chaque canon engendrent des travaux importants, qui artificialisent encore un peu plus la montagne. Sans compter le bilan carbone et l’imperméabilisation des sols quand on creuse des retenues de plusieurs milliers de mètres cubes.
Côté indicateurs économiques, plusieurs études confirment toutefois sont intérêt pour pérenniser l’activité ski d’ici à 2050, sans préciser toutefois publiquement dans quelles stations. D’ici à 2100, la trajectoire des stations est beaucoup plus incertaine, puisque la grande majorité devrait ne plus pouvoir proposer du ski de manière certaine et durable. Par ailleurs, ce début d’hiver montre bien que, même équipées de canons à neige performants, les stations de Haute-Savoie et des Préalpes ont subi frontalement plusieurs fronts pluvieux entre Noël et début janvier, lessivant leurs efforts pour ouvrir une partie de leurs domaines. À Nouvel An, seuls 30% des pistes du département étaient ouvertes.
La ZAD de Beauregard, à La Clusaz, est un exemple de la lutte d’une part de société civile contre le fort investissement des collectivités (communes, départements, région notamment) pour la neige artificielle. Nouvelle étape dans ce bras de fer, plusieurs canons à neige ont été dégradés en France (Les Gets et La Clusaz), en Suisse et en Italie. Pourtant, même si le poids de la neige artificielle ne cesse de grossir, c’est bien le transport des vacanciers (et en premier lieu l’avion) et le logement de ces derniers (avec de nombreuses passoires thermiques) qui pèsent le plus dans l’impact carbone et environnemental des sports d’hiver. Limiter les longs courriers, favoriser le train au maximum, rénover massivement au lieu de construire seraient des axes de travail bien plus efficaces, mais moins impactant médiatiquement, pour rendre compatible l’activité touristique hivernale en montagne avec les enjeux de transition écologique.