Au cœur de la Maurienne, à 20 minutes de la sortie d’autoroute, la petite station des Karellis cultive sa différence depuis 1975. Créée par Pierre Lainé, un des grands noms de l’accès aux vacances pour tous, sa création, tout comme son organisation, démontre une histoire et une volonté hors du commun.
Les Karellis : 3000 lits en villages de vacances
La première particularité de la station depuis sa création jusqu’à ce jour consiste en sa structure commerciale : 100% des lits sont commercialisés sous la forme de villages de vacances associatifs. Ces derniers pratiquent des tarifications adaptées aux revenus de leurs clients (adhérents). Si les structures commerciales gérant ces lits ont changé depuis 40 ans, le nombre de lits n’a, lui, pas évolué. Une demande d’extension de 2000 lits sur le village d’Albanne avait néanmoins été faite en 2001, mais très vite attaquée par les associations écologiques. L’Unité Touristique Nouvelle, accordée dans un premier temps en 2001, fut définitivement cassée en appel en 2009.
100% des activités gratuites pour les vacanciers
Encore aujourd’hui, les vacanciers en séjour aux Karellis n’ont pas à débourser d’argent sur place. En effet, la régie des remontées mécaniques est directement financée par les villages de vacances, hormis pour les forfaits journée et les gens ne séjournant pas en villages de vacances. Ainsi, lorsque vous réservez vos vacances dans un village de vacances des Karellis, vous avez tout compris : logement, repas, forfait de ski alpin et de fond, mais aussi animations et sorties raquettes et randonnées !
Le nom des Karellis provient des grandes herbes de montagne que les villageois appelaient « Karèles ». Couché sur le sol, la karèle était utilisée par les bergers pour glisser avec un manteau comme sur une luge.
Une conception favorisant le développement local
La station a été conçue par l’association Renouveau dans le but d’un développement harmonisé. Ce concept peu connu, théorisé par Pierre Lainé, directeur de Renouveau, visait à limiter au maximum la fuite des capitaux comme c’est le cas dans les stations de ski classiques et donc à favoriser l’emploi et les retombées locales. Dans les faits, cela met en place des fonctionnements radicalement opposés aux stations classiques :
- Au lieu de laisser un promoteur construire puis revendre le foncier, aux Karellis, le foncier est communal. Renouveau a construit les bâtiments (sur la base de subventions) et délègue l’exploitation à des associations.
- En lieu et place d’un exploitant privé ou communal pour les remontées mécaniques, il y a aux Karellis une régie dans laquelle la commune et les villages vacances participent au financement et aux décisions.
- Afin de gérer les commerces et restaurants, Renouveau va créer une SARL qui réinvestira ses bénéfices dans la station.
- Tous les acteurs des Karellis s’engagent à recruter à compétences égales au plus près de la station.
- Un conseil supérieur des Karellis est créé pour présider aux grandes orientations de la station. Il est composé des associations gérant les villages de vacances, de Renouveau, des élus et de l’école de ski.
- Seule l’École du Ski Français garde le même fonctionnement que nationalement : une fédération locale d’éducateurs sportifs libéraux.
En 2015, malgré la fusion-absorption de Renouveau avec les Villages-Clubs du Soleil, preuve des difficultés d’adaptation du tourisme social en France aux nouvelles consommations et à la concurrence du low cost, le modèle des Karellis semble toujours fonctionner malgré, comme dans toutes les stations, une difficulté de plus en plus grande à faire venir les gens en été et hors vacances scolaires.
Source : « Les Karellis, de l’utopie à la réalité », Pierre Lainé
Crédits photo : Thitus, Licencee CC
Laisser un commentaire