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Réchauffement climatique dans les Alpes : opportunité ou menace ?

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Une publication récente du Groupe Régional d’Experts pour le Climat de la région PACA s’est penchée sur les conséquences du changement climatique dans les Alpes. Entre opportunités pour le tourisme et l’agriculture et réelle menace pour la biodiversité et le ski, ce rapport met en exergue une mutation profonde du territoire alpin. Alors que dans les Alpes, le réchauffement climatique va deux fois plus vite qu’ailleurs, on estime qu’en 2050, 70% des glaciers du massif des Écrins auront disparu. Si pour autant, le réchauffement constitue une menace réelle pour l’eau à l’état solide et pour le tourisme blanc, il offre quelques opportunités à explorer.

Les glaciers et le ski menacés ?

En montagne, la température se réchauffe deux fois plus vite qu’ailleurs. Alors que la température mondiale s’est élevée de 1°, on estime cette augmentation à 2° dans les Alpes. Cette hausse s’effectue surtout au printemps et en été, impactant directement la fonte des glaciers et des pergélisols. En hiver et en automne, la hausse est plus contenue. C’est pourquoi l’enneigement au cœur de l’hiver (15 décembre – fin mars) n’est qu’en très légère baisse alors que les cumuls saisonniers, eux, baissent d’une manière plus conséquente. Aux Orres, par exemple, on estime la diminution de la neige au sol à 16 cm entre 1960 et 1990. A l’horizon 2050, l’isotherme 0° se sera élevé de 300 mètres dans les Hautes Alpes.

Des hivers doux, des étés chauds, plus longs et plus secs mettent en péril les glaciers des Alpes, qui ont d’ores et déjà bien souffert. Ainsi, entre 1999 et 2016, le glacier Blanc, dans les Écrins, a perdu pas moins de 13 mètres de glace sur ses 4,8 km² de surface. Les pertes du bilan de masse de la mer de Glace sont presque de deux fois plus importantes et celles du glacier de Saint-Sorlin, trois fois plus importantes. On estime ainsi qu’à la fin du XXIe siècle, 231 des 256 glaciers des Écrins auront disparu ! Seuls ceux ayant une zone d’accumulation supérieure à 3500 mètres pourront survivre. Le dégel des sols gelés toute l’année (les pergélisols) devrait également entraîner des chutes de pierres et des modifications du paysage entraînant de nouveaux risques notamment dans des zones touristiques. Quid de l’aiguille du Midi à Chamonix si le dégel cesse de cimenter les roches du massif entre elles ?

Du côté des stations de ski, aujourd’hui, la neige de culture a permis de réduire la vulnérabilité des sites de ski à l’aléa météorologique. Néanmoins, les experts pensent qu’avec une hausse de 4° des températures, ce sont pas moins de 30% des stations des Alpes du Nord, 90% des stations des Alpes-de-Haute-Provence et 70% des stations des Hautes-Alpes qui sont menacées. Mais c’est surtout la baisse d’attractivité du ski et un raccourcissement des saisons à l’automne et au printemps qui risquent de fragiliser un modèle déjà fragile et fortement dépendant des fonds publics.

Du côté de la faune et de la flore, le constat est contrasté. Si le réchauffement actuel semble fragiliser les forêts alpines surtout en versants sud, il semble pour le moment favoriser le développement végétatif des espèces végétales, notamment sur les éboulis. Les montagnes seraient donc plus vertes… Néanmoins, les contributeurs du rapport craignent à long terme que des espèces de plaine ne viennent en concurrence d’espèces de montagne du fait d’une moindre rudesse des conditions climatiques. Du côté de la faune, des espèces de plaine pourraient également venir concurrencer celles de montagne et fragiliser ces populations. La baisse d’épaisseur de la neige en hiver fragilise également l’hibernation des marmottes dont l’isolation thermique du terrier n’est parfois plus assurée.

La mer de glace en novembre 2017
La Mer de Glace en novembre 2017

Vous reprendrez bien quelques olives des Alpes® ?

Si la lecture de ce rapport ne donne pas un portrait de l’avenir bien rose (et s’il l’était, le réchauffement climatique serait perçu positivement), on entrevoit quelques opportunités à l’avenir dans les Alpes. Si l’argument de la montagne « îlots de fraîcheur » brandi à chaque canicule ne semble pas tenir la distance (cet été, la fréquentation a été en baisse en station, malgré un été chaud), il existe de nombreuses opportunités à saisir dans le réchauffement climatique. La première : la fragilisation du tout-ski forcera les montagnards à réfléchir à un tourisme plus diversifié basé sur les valeurs de la montagne et sur le territoire. Déjà, certaines stations de basse altitude misent tout sur le ski de randonnée, le trail et le ludique. C’est le cas par exemple d’Aillons Margériaz, qui restructure son offre touristique à partir de cette année. Aujourd’hui, la montagne répond à beaucoup de valeurs montantes dans la société : pureté, authenticité, healthy, sport fitness, « aventures » peu consommatrices en carbones proches des villes, activités ludiques de pleine nature… Reste à savoir si ce potentiel peut remplacer ou compléter un modèle de tourisme de masse développé pour le ski qui déplace tout de même chaque hiver près de 10 millions de personnes dans les Alpes !

Les opportunités les plus certaines concernent l’agriculture où de nouvelles cultures vont pouvoir être possibles en montagne. Le nombre de fenaisons pourrait augmenter, améliorant les rendements. Et, qui sait, peut-être mangerons-nous un jour des olives des Alpes ou des clémentines du lac d’Annecy ?

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