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Diversification : ces stations qui veulent sortir du tout-ski

Dans les Alpes, une fréquentation légèrement à la baisse et un enneigement devenu trop capricieux poussent certaines stations de moyenne montagne à choisir la voie d’un tourisme alternatif. Exemples à Saint-Pierre de Chartreuse et à Aillons, deux stations des Préalpes qui ont récemment choisi de faire évoluer leur modèle.

Globalement, le ski se porte bien. Les « journées skieurs » stagnent depuis 10 ans, mais cela n’empêche pas une dynamique d’investissement forte (notamment du Club Med) qui se concentre sur des sites où la neige est encore garantie ces 25 prochaines années. Cette dynamique positive cache néanmoins de profondes difficultés de petits sites de ski alpin situés en moyenne montagne, au cœur d’une forte densité de station et une concurrence forte sur la clientèle locale.

Aillons et Saint-Pierre de Chartreuse cherchent des pistes dans l’Outdoor

Aillon-le-Jeune est une petite station de ski du massif des Bauges. Elle possède la particularité de proposer deux sites de ski : Aillons 1000, avec ses hébergements et son petit domaine skiable, et Aillons Margeriaz, un stade de neige proposant du ski entre 1 400 m et 1 800 mètres d’altitude. En haut, l’enneigement est de qualité et garanti quasi toute la saison. En bas, c’est plus compliqué.

Suite à des difficultés financières du domaine skiable et de la commune, c’est à la faveur d’une session de compétence à l’intercommunalité (Grand Chambéry) qu’un plan stratégique de diversification a été décidé. Avec l’aide de plusieurs cabinets d’étude spécialisés, l’intercommunalité a défini un plan d’investissement de près de 6 millions d’euros pour tenter de trouver un modèle économique viable. Trois axes ont été choisis : la diversification touristique, l’amélioration de l’offre hivernale et l’amélioration de la gouvernance avec un travail commun entre Aillons-Margeriaz et la station voisine de Savoie Grand Revard.

Concrètement, le positionnement neige sera renforcé sur Aillons Margeriaz, tandis qu’Aillons 1 000 vise un repositionnement sur le ludique, l’apprentissage, le ski de randonnée l’hiver et le trail en été. La moitié de la somme sera investie pour conforter l’hiver (remontées mécaniques, création d’une piste…), l’autre moitié pour diversifier l’offre et viser un tourisme 4 saisons (espace jeux, via ferrata, espace ludique…). Avec ce plan stratégique, Grand Chambéry espère équilibrer le modèle économique de la station d’ici 3 ans en passant le chiffre d’affaires estival de 3% actuellement à 20%.

À Saint-Pierre de Chartreuse, quelques années plus tôt, la démarche a été assez analogue : face aux difficultés continues de la commune pour gérer son domaine skiable, la compétence a été passée à la communauté de communes. Loin de remettre en cause le modèle, cette dernière a rationalisé l’exploitation des domaines de cœur de Chartreuse et mutualisé les services. En parallèle, les premiers investissements ont consisté à améliorer la signalétique, la communication et l’enneigement artificiel. Un peu avant, néanmoins, c’est un privé qui avait déjà orienté la station vers une diversification touristique axée sur les sports outdoor. Les stations de trail et de ski de rando créées début 2010 par Raidlight, se sont maintenant déclinées en « station outdoor expérience ». Ski de rando, trail, marche nordique et VTT électrique en sont le cocktail miracle.

Créées en 2011, les stations de trail et de ski de rando étaient avant tout au début un showroom à ciel ouvert pour la marque Raidlight, rachetée depuis par le groupe Rossignol. Accompagné par la communauté de communes, ce projet de diversification touristique exemplaire offre aujourd’hui aux sportifs des agglomérations de Grenoble et Chambéry une borne numérique digitale pour présenter les différents parcours, des tests de produits de trail et de marche nordique, la location de VTT électriques et de skis de randonnée et des douches et une salle fitness. Côté parcours, la station propose 24 parcours de Trail, 3 parcours de marche nordique, 3 parcours de ski de randonnée et 4 parcours de VTT à assistance électrique.

Le Ski de rando, nouvelle piste de diversification du produit ski en stations

Contrairement à Aillons, l’impulsion est venue ici d’un professionnel du territoire et a été accompagnée par la communauté de communes. Une démarche différente d’une stratégie imposée par la grande ville à ses territoires ruraux proches. Le 5 octobre dernier, le maire d’Aillons-le-Jeune annonçait d’ailleurs son ras-le-bol et démissionnait de ses fonctions. En cause : des dissensions, notamment sur la fin du ski sur le site d’Aillons 1 000.

>> A lire : mieux comprendre le développement du ski de randonnée en stations de ski

Au col du Corbier, le maire démonte les remontées mécaniques

En Haute-Savoie, au Col de Corbier, une petite station du Chablais, c’est en 2013 que tout bascule. En avril 2013, le gestionnaire des remontées mécaniques annonce à la commune vouloir cesser l’exploitation du domaine skiable. Rejetant l’option de reprendre la gestion en propre, le maire décide de démonter les remontées mécaniques et de reconvertir le site en montagne douce, 4 saisons. Au milieu de grandes stations, le site du Corbier n’avait « jamais trouvé sa place » et son équilibre financier.

Plusieurs actions sont mises en place rapidement : création d’un chalet multiservice au col, création d’un espace ludique avec luge, tapis roulant, tubing, aménagement de pistes de chiens de traîneaux, de raquette, création d’une station de ski de rando, aménagement de pistes de VTT, pumptrack…

Aucune station n’échappe à la diversification touristique

Mais la diversification n’est pas l’apanage de quelques stations de moyenne montagne en difficulté. Partout ailleurs, on réfléchit aussi 4 saisons, bien-être et ludique… Dans les grandes stations (Les Menuires, Montgenèvre, Les Saisies…), on installe des luges sur rails, des pistes de tubing.

L’axe historique de la diversification en station d’altitude a consisté, depuis le début des années 2 000, à construire des centres balnéos ludiques. Tantôt 100% ludiques (l’Aquariaz à Avoriaz par exemple), tantôt 100% bien-être (QC Terme à Chamonix), ces centres aquatiques sont devenus une spécialité des stations de ski. Même s’ils sont tous ouverts en été, ici, la diversification a surtout été une diversification du produit neige, afin de conserver l’attractivité hivernale auprès d’une clientèle de moins en moins férue de ski.

QC Terme à Chamonix, dernier né des centres de bien-être dans les Alpes

Même Val Thorens a surpris cet automne en annonçant une volonté forte de développement 4 saisons. À 2300 mètres d’altitude, la station la plus haute d’Europe accueillera une arrivée du Tour de France cet été et planche sur un projet ambitieux de liaison « transvalléenne » depuis la Maurienne. L’objectif est de remplacer la télécabine d’Orelle par deux télécabines arrivant à plus de 3 000 mètres d’altitude au sein d’un restaurant et d’une galerie commerciale ouverte en été et en hiver. Cet équipement servira également de second accès pour Val Thorens, qui ne dispose que d’une route d’accès.

À Tignes également, la rénovation du téléphérique de la Grande Motte a donné lieu à des aménagements estivaux : création d’un toit-terrasse sur la télécabine accessible en été uniquement, création d’un espace pédagogique au sommet  intitulé « Altitude Expériences » imaginé avec le Parc national de la Vanoise.

Dans ces exemples, et c’est sans doute la mutation de ces dernières années, le développement de projets hivernaux permet de penser le développement 4 saisons.

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